ALLÉGEANCE ↔ Son père avant lui a servit Uther puis Arthur, il a donc en tant qu'unique fils, suivit les traces de son père. Lui-même a servit Arthur, peu de temps certes, mais avec ferveur alors pour lui c'est tout naturel qu'il en fasse autant avec son fils, Lohot. Il ne le porte pas forcément dans son coeur c'est sûr mais la loyauté qu'il a envers Camelot et la mémoire de son père prennent toujours le dessus quand il le faut. Autrement, il a son propre code de conduite, pas toujours très chevaleresque d'ailleurs mais bon, personne n'a jamais dit qu'il fallait être un saint en permanence. En dehors de tout ça, Kieran est très fidèle à ceux à qui il a accordé sa confiance et ses rares véritables amis, et bien sûr à ses frères d'armes, les autres chevaliers. Car mine de rien, ils sont en quelque sorte sa seconde famille, celle dans laquelle il a grandit et est devenu un homme, et ça, ça compte pour lui. Surtout qu'il n'a plus aucune famille proche à présent. Concernant le fait de mourir pour défendre Camelot, ça ne lui pose aucun problème. Son père est mort comme ça, et il a toujours énormément respecté son père pour son dévouement. Certes, il a toujours su sauver ses petites fesses jusqu'à ce jour, alors il n'y pense pas, mais cela pourrait changer maintenant qu'il pense parfois à fonder une famille. La douleur de la perte de son père alors qu'il n'était qu'un enfant reste encore un sujet douloureux pour lui, et il ne voudrait pas imposer ça à sa famille. Et puis même s'il est un bon chevalier, parfois ce devoir d'être exemplaire lui pèse un peu, car pour lui, chevalier ou non, il n'en est pas moins un être humain.

RICHESSES ↔ En tant que fils de chevalier, lui même fils de noble mais ayant décidé de renoncer à son titre pour devenir chevalier, Kieran possède toujours une belle maison, celle de ses parents en Caerdydd et un peu de terre alentours. Il n'a pas vraiment énormément de richesses, il n'a jamais été le type d'homme à s'attacher aux biens matériels, son père ne l'a pas éduqué ainsi. Il possède une armure, celle de son père, une épée et la panoplie nécessaire à sa charge de chevalier. Il a aussi une dague qu'il ne quitte jamais, et quelques livres mais rien de bien plus évolués que ça. Il n'est pas devenu chevalier pour devenir riche contrairement à d'autres. Lui le fait par dévotion à son père et à un certain idéal, celui de la chevalerie, même si parfois il ne le suit pas toujours à la lettre. Son cheval, son plus grand trésor. Un cheval à la robe brune, nommé Argo. Ces deux là, bien qu'homme et animal, se comprennent. Parfois même, Kieran parle a Argo comme à n'importe quelle autre personne, et comme s'il pouvait lui répondre. Et que vous le croyez ou non, c'est le cas. Argo est une monture dévouée et un cheval robuste. C'est son bien le plus précieux, il préférera toujours nourrir son cheval plutôt que lui en période de vache maigre. C'est dire à quel point Kieran est attaché à son cheval. Posséder plus ? Non, pas trop son truc, lui du moment qu'il a un lit où dormir, ça lui va. Puis à quoi bon avoir d'immenses possessions, il n'a personne à qui les léguer au cas où il viendrait à disparaître. Il est né fils de noble, certes, mais n'a jamais été élevé comme tel. Et il en est fier en un sens. Il sait se débrouiller seul, un plus que d'autres n'ont pas dans son "métier".

LIEU DE REPOS ↔ Habituellement, quand il ne rentre pas dans sa ville natale, Kieran dort surtout au château dans l'un des quartiers réservés aux chevaliers mais il lui arrive de dormir au village, dans l'auberge ou alors carrément à la belle étoile. Chez lui, en Caerdydd, il dort dans la maison familiale, qui lui appartient toujours mais qu'il laisse à son cousin Emrick et sa famille en son absence. C'est une demeure de taille raisonnable, bien entretenue. Le petit lopin de terres qu'il a autour sert à alimenter la famille de son cousin et le reste de ses voisins. Mais demandez lui de la décrire, et vous aurez l'impression qu'il vous présente un palais digne d'un roi. Il y est attaché à cause de nombreux souvenirs bien sûr, mais aussi car là-bas, il peut cesser d'être un chevalier et juste être lui-même. Un luxe rare. Pour le reste, non, personne ne l'attend mais ça lui convient bien pour le moment. Ca lui évite les scènes de ménage à répétition, les corvées aussi. Bref, la vie de célibataire endurci il s'en accommode très bien. Jusqu'à présent.

SOUVENIRS DU PASSÉ ↔ Kieran a connu quelques périodes pas vraiment réjouissantes au cours de sa vie. Quand il avait 6 ans, sa petite soeur Fiona est morte des suites d'une pneumonie foudroyante. Il n'a bien sûr rien à voir avec sa mort, mais encore maintenant, des années après, il se reproche toujours de ne pas l'avoir protégé correctement. Tout juste remis de la perte de sa petite soeur, ce fut au tour de son père de mourir. A tout juste 8 ans, Kieran avait subit deux pertes majeures dans sa famille. Rapprochées et extrêmement douloureuses pour lui, car son père et sa soeur étaient les personnes qui comptaient le plus pour lui, avec sa mère bien entendu, et il ne lui restait plus qu'elle alors qu'il n'avait même pas encore dix ans. Devenant en très peu de temps l'homme de la maison, Kieran a sans doute grandit trop vite et son comportement actuel en est la conséquence directe. Et ses pertes aussi. Puisque c'est sans doute tout ça qui la rendu si peu désireux de s'attacher profondément aux gens qui l'entoure. Plus d'une dizaine d'années après cela, c'est sa mère, Rhianon, qui succomba, elle de façon naturelle. Voilà comment à vingt ans, Kieran se retrouvait seul. Mais il n'est pas nostalgique, il ne ressasse pas sans cesse le passé en se disant qu'il est à plaindre. Ces épreuves ont fait de lui l'homme qu'il est à présent, et même s'il n'est pas parfait, il pense être un homme bon malgré tout. Il est fier d'avoir suivit les traces de son père, mais le plus souvent ça s'arrête là. Il ne tire pas de profit d'être un chevalier, il fait ça parce en quelque sorte, il l'a dans le sang. Un peu comme d'autre se trouve une vocation auprès de Dieu, lui préfère servir son roi.

VISION D'AVENIR ↔ Se projeter dans l'avenir, ce n'est pas une chose qu'il parvient à faire facilement. Plutôt du genre tête sur les épaules, tirer des plans sur la comète, il n'aime pas. Car il est bien conscient que demain il sera encore là mais le jour d'après, il peut perdre la vie lors d'un combat. Alors même s'il est loin de vivre au jour le jour sans se soucier du lendemain, les projets à long terme, Kieran les évite. Question de survie. Mais il n'est pas contre l'idée de fonder prochainement une famille d'ici quelques années. Il aimerait que le nom d'Emrys se perpétue encore une génération de plus. Car Emrick est son cousin du côté de sa mère, il porte donc un nom différent du sien. Sinon, il se voit en vie, évidemment. Quant au reste, il est majoritairement optimiste, il veut croire qu'il ne se bat pas pour rien, pour défendre un idéal qui n'est qu'un écran de fumée. Il espère voir Lohot devenir un roi à la hauteur de son père et il aimerait que la guerre contre les druides et les prêtresses cesse, car après tout sa mère en était une. Sous ses airs parfois un peu bourrin, Kieran cache un homme sensible, et il est très affecté dans le fond par tout ce sang versé parfois pour rien.

➽ Kieran a toujours avec lui sa dague, il la porte le plus souvent à sa ceinture ou alors planquée dans sa botte. C'est un cadeau de sa mère, et personne n'a le droit d'y toucher mis à part lui.
➽ S'entend très bien avec les enfants en règle générale, car lui-même a su conserver une âme d'enfant (en clair, il adore faire le pitre)
➽ Il ne l'avouera jamais mais il lui arrive de rester des heures, inerte, à regarder le ciel étoilé. Il ne sait pas pourquoi, mais ça le fascine, il se souvient peut-être des histoires que lui racontait sa mère quand il était petit.
➽ Personne n'a le droit de faire de remarque sur sa coupe de cheveux. Le dernier qui l'a fait doit encore probablement avoir de sérieux problème à manger autre chose qu'une soupe.
➽ Aime jongler avec la nourriture même si c'est mal. Pommes, oranges, poires, tout y passe, parfois même, il fait ça avec des couteaux.
➽ Va bientôt devenir tonton et ne sait pas trop s'il est prêt à assumer une telle tâche. Se battre, tirer à l'arc, jouter, il sait faire, donner le bon exemple, c'est une autre paire de manches.
➽ Ne vous étonnez pas si vous surprenez Kieran a parlé avec son cheval, il fait ça tout le temps. Et bien entendu ce dernier lui répond.
➽ Même s'il est un très bon escrimeur et qu'il manie beaucoup d'armes différentes, il a une affection toute particulière pour sa dague. Petite mais mortelle quand il le faut. Sinon, il aime aussi beaucoup tirer à l'arc, ça le détend parait-il.
➽ A une tâche de naissance sur la cheville droite, en forme de croissant de lune. Sa mère lui a dit que c'était un bon présage, et jusqu'à ce jour il ne peut pas trop la contredire puisqu'il est toujours en vie.
➽ Ne supporte pas qu'on lève la main sur un enfant, innocent ou non. Son père n'a jamais la main sur lui, alors il ne voit pas pourquoi d'autres ne pourraient pas en faire autant pour éduquer leurs enfants.
➽ Quand il rentre en Caerdydd, il a ses habitudes. Il aime faire de grandes balades à cheval, chasser et surtout taper le fer avec un marteau en aidant son cousin, forgeron de la ville. Il dit qu'ainsi, il comprend mieux pourquoi une épée peut avoir une âme, comme son père lui disait autrefois. Et puis c'est pratique quand il faut réparer son armure...
➽ Derrière des airs de mec un peu brute de décoffrage (car admettons-le, il adore se bagarrer), Kieran est un homme doux et même limite un peu romantique. Mais ça bien entendu, personne ne le sait, puisqu'il ne laisse l'occasion à personne de le découvrir.
➽ Quand il est seul, il peut lui arriver de chanter de vieilles chansons gaéliques. Ca lui prend parfois comme ça, d'un coup, mais il s'arrange quand même pour être seul dans ces moments là.
➽ Il regrette de ne pas avoir connu la famille de sa mère. Mais il comprend le choix que cette dernière a fait. Quitter sa famille par amour, c'est à ses yeux, bien plus courageux que de combattre comme il le fait.
➽ Il est allergique aux champignons.
➽ Il ne reniera jamais le fait d'être un beau parleur, charmeur de première, mais n'allez pas pour autant croire qu'il est un parfait salop qui joue avec les femmes. Vous seriez étonnés de savoir certaines choses à son sujet.
➽ Autour de son cou, sur une chainette, il porte un pendentif en argent. Il s'agit de celui de son père, qu'il a récupéré après sa mort. Il le garde toujours sur lui, comme un souvenir de pourquoi il se bat et de qui il est.
➽ Il lui arrive souvent de marcher pieds nus.
➽ Ne s'est jamais rendu sur la tombe de son père depuis que ce dernier y a été enterré. Il dit que s'il y retourne, ça sera uniquement pour qu'on l'y enterre lui aussi.
➽ Kieran aime se faire passer pour plus bête qu'il ne l'ai la plupart du temps, histoire de toujours se garder la possibilité de berner les gens ou leurs montrer qu'il est loin d'être aussi bête qu'on ne le croit.
➽ Loin d'être moche à regarder, il aime se balader torse nu quand ça lui prend. Non non, il n'est pas exhibitionniste, j'vous assure.
➽ Pas vraiment du genre gros dormeur. Seulement quelques heures de sommeil lui suffisent à charger ses batteries.
➽ Mais quand il décide de faire une grasse matinée, il vous faudra toute la meilleure volonté du monde pour parvenir à le sortir de son lit.
➽ Ne rechigne pas à faire ses corvées, car après tout, il n'a pas trop le choix quand il dort en dehors du palais, personne ne fera son ménage ou son linge. Avis à ses dames qui sauront apprécier cet état de fait j'en suis sûre.

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"Let me tell you something, son. Love is the greatest magic of all. Makes you do things you think you can never do."

Comment tout avait commencé. Un jour, lorsque nous étions à cheval, en train de parcourir les forêts alentours de notre maison, mon père m'a tout raconté. Comment ma mère et lui s'étaient rencontrés, retrouvés puis aimés. Et bien sûr, comment finalement j'étais venu au monde. Connaître l'histoire de ses parents, mine de rien, ça vous apprend aussi au final qui vous êtes. Puisque sans eux, vous n'existeriez pas. Je l'ai donc écouté avec une attention, pour une fois, car je n'ai jamais et ce dès mon plus jeune âge, été réputé pour être un petit garçon véritablement calme.

« Arrêtons-nous près de ces rochers. Ici nous pourrons parler mon fils, et je répondrais à ta question. »
Car oui, j'étais bel et bien l'instigateur de cette discussion. J'ai toujours été quelqu'un d'assez curieux (ce qui entre parenthèses m'a toujours apporté pas mal de problèmes). Et ce jour là, après avoir surpris une conversation entre mes parents à propos de la famille de ma mère (conversation qu'évidemment je n'étais pas sensé avoir entendre). Ils discutaient tranquillement tandis que ma mère berçait ma soeur avant de la coucher. Je faisais semblant de déjà dormir. Et forcément, j'ai tout entendu.

« Je ne veux pas qu'elle subisse le même sort que moi, Conan. Je ne regrette pas mon choix, je suis comblée avec notre vie mais... Si jamais elle devait avoir le don, j'espère simplement qu'elle n'aura pas à faire un tel choix quand elle trouvera l'amour sur son chemin. »
« Je sais que malgré leur comportement, ta famille t'as toujours un peu manqué. Mais ne t'en fais pas, le moment venu, elle saura quoi faire. Elle te ressemble de jour en jour, alors ne t'en fais pas. Si vraiment elle tien de sa mère, tout ira bien pour elle. Et elle aura toujours une famille sur laquelle elle pourra compter. Une sur deux, c'est déjà pas mal non ? »
« C'est vrai. » concluait ma mère en souriant. « Tu as raison, elle aura toujours sa famille à ses côtés. »
Une des grandes forces de mes parents, leur complicité. Mon père avait toujours su apaiser ma mère, dans ses moments de doute ou de peur, et elle, elle parvenait à rendre cet homme un peu rude un père aimant et un mari attentionné. Je n'ai pas eu la chance de garder mon père très longtemps, mais c'est à jamais que cette image reste gravée dans mon esprit. Celui du sourire qu'ils s'échangeaient toujours. Ce signe et leur regards, ce regard qui voulaient dire tant de choses. Je ne suis pas du genre romantique, mais au fond de moi, j'aspire à connaître un jour un tel amour.

Bref. Le lendemain, père devait m'emmener faire du cheval comme il l'avait promis. Il était de retour chez nous pour quelques jours, après cela il devrait retourner à Camelot. Et à peine avions nous quittés les abords de la maison que je n'ai pu m'empêcher de lui demander pourquoi ma mère avait parlé de don, et surtout évoqué le fait de perdre sa famille. Je ne voyais tout simplement pas comment elle pourrait nous perdre. Mais il faut dire que je n'avais que 5 ans à l'époque. Il a d'abord rit. Car il ne s'étonnait même pas que j'ai pu entendre leur conversation. Il connaissait bien son fils. Il me dit que nous continuerions d'abord notre balade et qu'ensuite, il me raconterait, car selon ses dires ce jour là, j'étais en âge de comprendre à présent. Et il a tenu promesse. Une fois descendu de nos montures et celles-ci attachées à un arbre, nous nous sommes assis sur ses rochers près du lac. Il me sembla que durant quelques minutes (où nous restâmes silencieux tout les deux), il chercha la meilleure façon de me raconter leur histoire, ou peut-être cherchait-il simplement par où commencer. Mais après quelques instants, il concéda enfin de reprendre la parole.

« Comme tu le sais bien, la famille de ta mère ne vient jamais nous voir. Et cela pour une bonne raison. Elle a renié ta mère. »
« Pourquoi a-t-elle fait ça ? Mère n'a jamais tué personne et elle était marié avec toi quand elle m'a eut non ? »
« Tu as raison, fils. Mais si ces gens ont fait ça, c'est tout simplement parce que ta mère a fait un choix qu'ils n'ont jamais su comprendre. »
« Un choix ? Lequel père ? », demandais-je, soudainement bien plus curieux qu'à mon habitude.
« Celui d'écouter son coeur. »
« Je ne comprends pas. Mère et vous me dites souvent de toujours écouter ce que me dit mon coeur, alors pourquoi a-t-elle était punie pour ça? C'est injuste je trouve. Et mesquin de faire ça à son enfant. »
« Je sais bien Kieran. Je suis d'accord avec toi mais tu sais, ta mère n'est pas tout à fait comme toi et moi. Sa famille est une famille qui a toujours eu un don. Toutes les femmes de sa famille sont des prêtresses. Tu sais ce qu'est une prêtresse mon fils ? »
J’acquiesçais de la tête pour le laisser poursuivre.
« Ta mère en était une. Et en faisant le choix de me suivre, elle a renoncé à sa famille car celle-ci ne voulait pas qu'elle parte avec un homme comme moi. Mais dès que je l'ai connu, j'ai toujours su que ta mère était la femme de ma vie. Les années et la distance n'ont pas réussi à nous séparés. Alors oui, ta mère a perdu sa famille le jour où elle a décidé de me choisir moi. »
« Mais elle nous aura toujours. Jamais je le la laisserais partir, je te me jure père. »
Et il rit. J'ignore encore si c'était parce qu'il se moquait de moi ou parce qu'au contraire, il retrouvait bien là son fils.

Hélas pour moi, à peine trois ans plus tard, je devais perdre mon père. Et encore aujourd'hui je sens bien qu'il restera toujours en moi ce petit garçon désireux de rendre fier son père. Je sais qu'il l'est, s'il me voit d'où il est. Ma mère et ma soeur aussi. Mais même si je les porte toujours dans mon coeur, je ressens toujours ce vide que leurs disparitions à causer. Et inconsciemment, je le sais, c'est ce qui me rend si peu prompt à me lier avec les autres au-delà d'un certain point. Chat échaudé craint l'eau froide. D'avoir perdu les êtres qui m'était les plus chers m'a forcément endurci. Et je sais que tant que je ne comblerais pas le vide en moi, je continuerais comme ça. Ce n'est pas une solution, je le sais. Ignorer un problème ne fait que l'agrandir, et ses conséquences aussi. Mais que voulez-vous, pour le moment, je préfère encore me dire que c'est mieux ainsi. A croire que même aujourd'hui, après tout ce temps, certains blessures n'ont toujours pas vraiment eut le temps de se refermées.

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"I leave beacause you don't let me love you, Kieran. I know you've already lost dears ones, but this is the past, don't let our future fade because of something you cannot change."

Quand j'y repense aujourd'hui, elle avait raison. Comme bien souvent d'ailleurs. Mais ce n'est guerre étonnant, car c'est une partie de ce qui m'avait séduit chez elle. Ça et sa répartie. Et bien sûr le fait qu'elle m’aie résisté. Miss O'Leary n'était pas du genre à être comme les autres.
Je l'ai rencontré dans un petit village, lors d'une de nos campagnes hors de Camelot. Rien de bien périlleux je vous l'accorde, mais la vie de chevaliers ce n'est pas toujours aussi palpitante qu'on peut le croire. Il nous arrive aussi de simplement faire régner un peu la loi et aussi oui, collecter les impôts. Mais bref, nous ne sommes pas là pour parler des tenants et des aboutissants de la fonction de chevalier. Je me souviens encore de notre rencontre. Très...mouvementée. J'avais soif, il régnait un soleil de plomb au dehors et j'ai vu une cruche laissée sur une table au dehors. Ne voyant personne s'en inquiéter, je suis allé vers la table avec la ferme intention d'étancher ma soif. Et j'avais à peine bu deux gorgées que j'entends quelqu'un me parler.

« Est-ce qu'on vous apprend à prendre ce qui n'est pas à vous quand on devient chevalier ou êtes-vous un cas à part à ainsi prendre cette cruche sans une seconde vous demandez si son contenu n'est pas déjà prévu pour un autre ? »
« Ma foi, cette cruche étant là, seule sans personne autour, j'avoue bien qu'il ne m'a pas paru si déplacé que ça d'en boire son contenu. Je voulais simplement étancher ma soif, je ne voulais offensé personne. »
« Bien dans ce cas permettes-moi de vous aider un peu. »
Et sans que je m'y attende, elle saisit la cruche de mes mains et me jeta le reste de son contenu au visage. D'abord inerte de par le choc de sa réaction, je me suis mis à rire. D'autres auraient pu bien plus mal le prendre, mais j'aimais cette façon de défier mon arrogance. Et le symbole que ma cape rouge pouvait représenter. Elle ne se démonta pas pour autant après cela. Je l'ai quitté en la remerciant de m'avoir sauvé la vie, me préservant de la déshydratation. J'ai vu alors un petit sourire poindre au coin de ses lèvres en me retournant, rejoignant mes compagnons chevaliers. Puisque nous étions là pour quelques jours, je décidais de retourner la voir le lendemain, avec une cruche pleine d'eau. Histoire de lui rendre ce que je lui avait pris. Tout en me doutant que je risquais fort à nouveau de me retrouver avec son contenu sur la tête. Mais j'étais prêt à prendre ce risque.
Et je suis donc retourné la voir avec une cruche que j'avais payé auprès de l'aubergiste du village. Mais en arrivant, personne. Une pointe de déception j'ai ressenti, mais je ne suis pas du genre à me laisser démonter aussi facilement. Je reviendrai le lendemain. Et cette fois-ci, elle était bien là.

« Que comptez-vous acheter avec cette cruche ? Ou peut-être avez-vous un penchant étrange pour les personnes qui vous jette de l'eau à la figure ? »
« Visiblement. Tout comme vous semblez avoir le don pour remettre les hommes qui vous importune à leur place. Qu'ils soient chevaliers ou simples paysans. »
« Je n'aime tout simplement pas ceux qui pensent que le monde leur est acquis parce qu'ils portent une arme et une cape. »
« Je ne pense pas que le monde m'est acquis, bien au contraire, j'oeuvre pour son bien. Comment pouvez-vous juger un homme à son apparence ? Etes-vous devineresse ? »
« Je ne le suis pas et je ne vous connais pas, mais je sais à qui est associée cette cape que vous portez. »
« Permettez-moi alors de vous dire que vous avez bien tort d'aller si vite en besogne. Vous seriez bien surprise de voir qui peut se cacher sous cette même cape qui vous fait, semble-t-il, tellement horreur. »

De là nous sommes partis dans une longue discussion, exposant chacun nos arguments. Une petite joute verbale, tout aussi rafraîchissante que le contenu de la cruche qu'elle m'avait jeté à la tête le jour d'avant. En tant que chevalier, les occasions de parler ainsi avec les autres sont rares. Il faut donc savoir les apprécier à leur juste valeur. Ce que bien évidemment j'ai fais avec elle. Tout en ne sachant même pas son son à ce moment là. Mais ce ne fut jamais un frein. Et elle consentit à mon départ à me le révéler. Elle s’appelait Abigael. Abigael O'Leary. Je la saluais donc poliment, en lui promettant cependant de revenir la voir la prochaine fois que j'aurai envie qu'on m'asperge d'eau sans motif valable. Elle me rétorqua qu'elle me réservait le privilège de ne faire ça qu'avec moi.
Et nous nous sommes revus plusieurs fois après cela. Plusieurs mois à vrai dire. Il m'en fallu tout autant pour commencer à comprendre les réelles raisons qui me poussaient à revenir dans ce village, pour la voir. Et sans trop vraiment s'en rendre compte, nous nous sommes rapprochés de plus en plus. Jusqu'à entamer une relation. Pas la plus simple de toute j'en conviens absolument. La distance serait un problème, mais un problème qui n'était pas insurmontable. Le seul réel obstacle à cette histoire, c'était moi. Cette peur viscérale de perdre à nouveau une personne à laquelle je me serai trop attachée. Et ce qui devait arrivé, arriva. Une énième dispute, la dispute de trop.

« J'en ai assez. Je ne veux pas passer ma vie à attendre que tu reviennes ici, sans rien derrière. J'ai assez attendu je crois. »
« On en a déjà parlé. Tu savais très bien à quoi t'attendre en fréquentant un chevalier. Alors ne fais pas comme si tu l'ignorais. »
« Que tu sois chevalier ou simple forgeron ne change rien. Tu sais très bien de quoi je parle. Ce qui est réellement ton problème, ce qui t'empêche de me dire que tu tiens à moi. », me lança-t-elle une lueur de défi et de tristesse mêlés dans le regard.
Bien sûr que je savais de quoi elle me parlait. Mais parfois, dans certaines circonstances, on peut se retrouver incapable de franchir un obstacle. De parvenir à aller de l'aller malgré tout. Le courage qui habituellement me caractérisait, fondait comme neige au soleil dès qu'il s'agissait d'exprimer réellement ce que je ressentais pour elle. Mon passé, bien que je pensais l'avoir depuis longtemps l'avoir laissé derrière moi, me rattrapait une fois de plus sans crier gare. Et je l'ai laissée partir. Sortir de ma vie, car je n'avais aucun droit de lui demander d'être patiente. Elle l'avait déjà été assez avec moi. Et elle trouverait sans doute quelqu'un d'autre, elle qui était d'une beauté à couper le souffle. Quelqu'un qu'elle n'aurait pas à attendre chaque jour en se demandant s'il rentrerait le soir, priant pour qu'il ne soit pas tué au combat. Il m'arrive parfois de me demander comment serait ma vie si j'avais fait ce qu'elle attendait de moi alors. Serait-elle venue me rejoindre à Camelot ? Aurais-je abandonner ma place pour la rejoindre ? Tant de questions dont je n'aurai jamais les réponses. Mais je me suis fais une raison. Il le fallait. J'essaye de m'en convaincre encore chaque jour. Et entre nous, je ne peux m'empêcher de ressentir un petit pincement au coeur quand je sens l'odeur de la pluie. Car malgré les apparences, je ne suis peut-être pas aussi insensible qu'il n'y paraît.

Jonas

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