THE CRIMSON RIVERS
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 she walks in beauty, like the night of cloudless climes and starry skies.

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Ozwen Melbeth
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Ozwen Melbeth

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MessageSujet: she walks in beauty, like the night of cloudless climes and starry skies.   she walks in beauty, like the night of cloudless climes and starry skies. Empty28/4/2011, 5:00 pm




    Encore un coup des druides, avait-elle entendue murmurer autour d’elle, alors qu’elle courait en direction de la maison d’Anndell, son précieux panier calé contre sa hanche. La pluie s’était mise à tomber sans prévenir, les nuages s’amoncelant à une vitesse effarante dans le ciel auparavant si bleu de Camelot. Certes, il n’avait pas plu depuis de longues semaines, et l’orage était arrivé bien vite, mais Ozwen douta que des druides s’amusent à noyer la cité sous la pluie, pas en ces temps difficiles. Et s’il s’agissait de l’œuvre des Marcheurs, c’était une raison supplémentaire pour ne pas rester dans les parages. Mais aux yeux de la jeune fille, il ne s’agissait ni plus ni moins que d’une merveilleuse démonstration de la force de la nature. Rien dans ces éclairs zébrant le ciel ne relevait de la magie. Personne n’aurait été capable de dompter un tel ciel, de toute façon.

    Le temps d’arriver chez Anndell, et Ozwen s’était retrouvée trempée de la tête aux pieds. Le linge qu’elle venait de laver était gorgé d’eaux sales, et des traces de boue se révélaient ici et là sur les draps blancs. Tout le travail qu’elle avait accompli depuis ce matin était perdu. La rage et le désespoir s’emparèrent d’elle, et elle s’écroula près du foyer de la cheminée. Elle était fourbue et fatiguée, ses mains la faisaient souffrir à force d’être plongées dans l’eau glaciale, et la pluie, cette traîtresse, s’était même insinuée sous ses vêtements, la rendant tremblante et frissonnante. Roulée en boule, allongée à même le sol, la jeune fille se mit à regretter l’époque bénie où, protégée par son père et les Marcheurs, elle n’avait à envisager de travailler pour subsister. Son regard vague se perdit dans les recoins de la cheminée, et se balada sur les bûches qui n’attendaient qu’une étincelle pour s’embraser. L’idée d’un feu, chaud et réconfortant, chassa de ses pensées des souvenirs trop douloureux. Elle prit près du tisonnier de quoi faire naître une étincelle, et souffla de toutes ses forces, ne s’arrêtant que lorsque que toutes les bûches s’enflammèrent, crépitant en rythme. Enfin, elle regarda ses mains. Rouges et marbrées à cause du froid, elles étaient pleines de cloques et de coupures, et ne ressemblaient en rien aux mains de la jeune magicienne qu’elle était il y a encore quelques mois. Ses mains racontaient son histoire, mais elle pensait encore que cette histoire n’était pas digne d’être lue. Les approchant du feu afin de les réchauffer, Ozwen ferma les yeux et plongea à l’intérieur de son être. Les énergies des êtres vivants qui l’entouraient formaient comme des centaines de petites lueurs qu’elle pouvait sentir au creux de son ventre. Il ne lui suffisait plus que de piocher ce dont elle avait besoin. Elle avait juste à se servir.
    A chaque fois qu’il lui fallait user de la magie, Ozwen se souvenait ce que lui apprit Ivanoë, bien des années plus tôt. Que si elle se débrouillait bien, elle pouvait se contenter de prélever, sur plusieurs êtres vivants, une infime partie de l’énergie vitale dont elle avait besoin, leur laissant ainsi la vie sauve. Ozwen avait mis un certain temps avant de comprendre l’intérêt d’une telle démarche. Maintenant qu’elle l’avait découvert, elle faisait en sorte de ne jamais déroger à la règle.
    Un tel sort de guérison ne demandait de toute façon que peu d’énergie, et la jeune fille n’eut aucun mal à puiser ce dont elle avait besoin dans la rue. Malgré la pluie, les gens continuaient de vaquer à leurs occupations. Elle voulait néanmoins faire vite. Elle n’aimait pas user de la magie dans la demeure d’Anndell, même lorsqu’il n’était pas là. Il le sentait toujours, de toute façon. Réminiscences de restes d’éducation et de respect qu’on lui avait inculqué, alors qu’elle n’était encore qu’une enfant. Parfois, si ce n’est tout le temps, elle essayait de comprendre ce qui avait poussé cet être magique à renoncer à ses dons. Elle ne doutait pas un instant que ce fut la faute des druides, et cela lui donnait une raison supplémentaire d’haïr cet ordre monstrueux. Aussi espérait-elle que sa présence aiderait le jeune homme à revenir sur sa décision. Même si cela signifiait que lui-même se mette en tête de revoir l’éducation magique d’Ozwen. C’était un faible prix à payer, et elle ne doutait pas qu’elle pourrait le tromper, le moment venu. Après tant d’années d’abstinence, elle était persuadée que ses propres pouvoirs surpassés de beaucoup ceux du druide. Elle se trompait probablement, mais n’en avait alors pas encore conscience.

    Une légère chaleur avait envahi ses mains alors que la magie s’y déversait, refermant ses plaies et adoucissant sa peau. Ozwen fit alors mentalement la liste des herbes dont elle aurait besoin pour préparer quelques onguents à appliquer sur ses éraflures, les prochaines fois. Non pas qu’elle aima particulièrement se passer de magie, ou trouver des alternatives, mais l’herboristerie était un domaine fascinant, et elle pensait parfois qu’il y avait plus de gloire à réussir quelque chose par soi-même qu’en usant de la magie. Ses lèvres s’étirèrent en un sourire. Que dirait son père s’il apprenait un jour que de telles pensées venaient parfois flotter dans l’esprit de sa fille. Il fallait croire qu’habiter à Camelot changeait peu à peu les fondements mêmes des croyances d’Ozwen …

    Les dernières volutes de magie s’évaporaient dans l’air lorsque la porte de la chaumière s’ouvrit, faisant pénétrer dans la salle commune les bruits retentissant de la pluie tombant sur le sol. Ozwen se releva pour faire face à Anndell. Il était tout aussi trempé qu’elle lorsqu’elle était arrivée, et elle se précipita pour attiser le feu. Désormais que le maître de maison était rentré, elle avait l’impression qu’il lui fallait se dépêcher de préparer tout un tas de choses, comme si l’agitation pouvait effacer les particules de magie présentes dans l’air. Non pas qu’elle se sente particulièrement coupable, mais ce soir, Ozwen ne se sentait pas de taille pour soutenir une conversation philosophique avec son hôte. Attrapant la marmite pour préparer le souper, la jeune femme se rendit compte que si Anndell était rentré un tout petit peu plus tard, elle n’aurait même eu besoin de sortir chercher de l’eau au puits. La magie s’en serait chargée à sa place. Chassant ses pensées négatives d’un hochement de tête, Ozwen plaqua un sourire sur son visage et se retourna vers Anndell.

    « ragoût de chèvre ce soir, est-ce que ça te convient ? »
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Anndell Lucedith

Anndell Lucedith

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MessageSujet: Re: she walks in beauty, like the night of cloudless climes and starry skies.   she walks in beauty, like the night of cloudless climes and starry skies. Empty3/5/2011, 5:35 pm

    Les feuilles murmuraient leur verte chanson sous l'assaut d'un vent annonciateur de pluie. Déjà, l'air s'était rafraîchit et la végétation, autour de lui, s'apprêtait à accueillir l'eau tant chérie. Quelques oiseaux chantaient encore, l'un d'eux s'étant même enhardi jusqu'à se poser sur la branche d'un buisson à un pas seulement de là où il se trouvait. Son chat se joignait à celui des arbres, arrachant quelques sourires au jeune homme. Bientôt, même ces quelques compagnons à plumes le fuiraient pour trouver refuge. Sans doute aurait-il été sage de les imiter, de ranger son couteau et de laisser la le morceau de vois qu'il taillait depuis des heures, pour rejoindre l'abri de Camelot et le feu de son âtre. Anndell, pourtant, ne faisait pas mine de vouloir se lever, et ses yeux ne quittaient pas son ouvrage. Ses longues promenades dans les bois étaient un rituel auquel il ne dérogeait pas depuis son enfance. C'était seulement au cœur cette nature qu'il s'enhardissait parfois à dire sienne, qu'il se sentait le mieux. Ici, personne pour le juger ni observer le moindre de ses mouvements. Ici, on n'attendait rien de lui, on ne l'attendait même pas, lui. Et la liberté que cela lui offrait ne faisait qu'attiser la flamme de son respect pour ces arbres gigantesques et sans âges, qui le fascinaient depuis toujours. Si grand et imposant, pourtant fragile comme du verre dès qu'on présentait son écorce au fer cruel des hommes. C'est pour cette raison qu'il refusait d'avoir quoique ce fut de ce métal dès qu'il mettait les pieds hors de chez lui, et encore moins lorsqu'il s'approchait de ses bois tant aimés. Ces bois qui lui offraient sans compter leurs racines et leurs branches pour laisser son « art » s'exprimer. Anndell aimait la pierre pour sa longévité : on ne sculptait pas impunément dans la pierre, on acceptait d'y imprimer nos souvenirs et pensées pour l'éternité. La pierre gardait tout et n'oubliait rien, vous jetait à la figure vos mensonges et vérités, sans aucune pitié. La pierre était dure, autant sous les outils que pour les cœurs. Mais le bois lui, était la tendresse même. Il avait ses propres formes, sa propre vie. On n'y imprégnait que ce qu'il voulait bien, et si vos gestes ne lui plaisaient pas, il se brisait sans crier gare. Malicieuse écorce.

    Une goutte sur sa joue lui fit lever les yeux. La chair de poule hérissa ses bras découverts, alors que l'averse s'intensifiait. Ses gestes suspendus, il garda son visage tourné vers le ciel un long moment, s'abreuvant comme la terre de cette eau miraculeuse. Les oiseaux s'étaient tus depuis longtemps, et peut-être était-il temps de rentrer. Comme à regret, il posa le morceau de bois sculpté et rangea son couteau dans la sacoche déjà remplie des quelques herbes qu'il avait récoltés ici et là. Le druide se leva finalement, sa main peinant à quitter l'écorce rugueuse de l'arbre contre lequel il s'était adossé. Un instant, il ferma les yeux et posa son front contre celui-ci. C'était sa façon de saluer ses compagnons de quelques heures, et sans doute de les remercier également, puisque ses mots d'homme, sans doute, n'atteindraient jamais ces cœurs tendres comme seuls ceux de l'âme pouvaient le faire. Finalement, il s'éloigna, non sans un dernier regard pour la place qu'il laissait derrière lui, et qu'il ne manquerait pas rejoindre le lendemain, comme il le faisait chaque jour depuis des années.

    Comme à chaque retour de promenade, il du s'arrêter aux portes de Camelot. La magie qui y grouillait depuis des semaines semblait devenir plus forte de jour en jour, et ne cessait de le perturber. Depuis la mort d'Arthur, les choses n'avaient, de toute façon, cessé d'être perturbantes et plus grand chose ne tournaient rond, si ce n'était ce bon vieux quotidien que tout à chacun s'efforçait de garder. Mais qu'en serait-il du sien, si paisible, si on venait à savoir qu'il était druide, bien qu'il ait depuis longtemps renié ses pouvoirs ? Un frisson le prit, empêchant son imagination de s'aventurer trop loin sur ces chemins incertains, et il prit une grande inspiration avant de pénétrer dans la ville pour se mêler à son chaos rassurant. Autour de lui, on s'affairait, on courait, on criait. La terre des chemins avait rapidement cédé la place à de la boue qui souillait vêtements, carrioles et murs, donnant un aspect misérable à toute chose comme à tout être vivant. Néanmoins, la pluie était de ces choses qui lui mettait immanquablement du baume au cœur, loin de le rendre mélancolique comme elle savait si bien le faire sur d'autre. Sa mère, notamment, avait toujours été sensible à l'écho tourmenté de la pluie. Et il se rappelait ses longues soirées où, silencieuse, elle restait assise sur le bord de son lit, leurs mains liées, quand celles de sa mère n'écartait pas quelques mèches de son front. Ses souvenirs là, étaient sans doute les plus doux et les plus beaux qu'il se permettait de garder. Un sourire se dessinait sur son visage, alors qu'il ouvrait la porte de sa chaumière, pour le perdre aussitôt. Une jeune femme se tenait là et lui faisait face. Son prénom s'imposa à lui, alors que la surprise s'évanouissait. Ozwen. Oui, bien sûr. Pourquoi ne parvenait-il donc pas à s'y faire ? Chaque soir pourtant, elle était là, toute pleine de sa magie et affairée à des tâches quotidiennes qu'il avait du abandonner depuis son arrivée. Il n'arrivait encore pas à savoir pour quelle raison il avait accepté ce soir là, sans rien connaître d'elle, de la laisser entrer pour finalement ne plus la voir partir. Il referma lentement la porte, tout en l'observant s'affairer, et c'est seulement là qu'il s'aperçut qu'il était non seulement trempé, mais que la magie imprégnait encore l'air de sa chaumière. Sa mâchoire se crispa. « ragoût de chèvre ce soir, est-ce que ça te convient ? » dit-elle. Et il acquiesça. C'était inévitable se dit-il, et certainement pas la première fois qu'il se taisait après avoir senti quelques bribes de magie dans l'air. Il ne pouvait se voiler la face : si ces quelques démonstrations de pouvoir l'avaient réellement dérangé, il aurait tout aussi bien pu mettre la jeune femme dehors. Ce qu'il ne faisait pas, et n'était sans doute pas prête de faire. Cette situation était, pour le moins particulière.

    Il s'assit finalement près de l'âtre, regardant la jeune femme s'affairer. Un sourire naquit sur le coin de ses lèvres, tant il était peu habituée à ce spectacle depuis qu'il avait quitté le village de son enfance. Son regard tomba finalement sur le linge qu'elle avait sans doute été à charge de laver aujourd'hui, et grimaça en voyant la terre qui les maculait. Il ne se doutait que trop des sentiments qui avait pu habiter Ozwen en voyant ainsi le travail de toute une journée gâché pour un peu de pluie. Se relevant, il s'approcha d'elle et bien qu'il fut tenté de la retenir par le poignet pour attirer son attention, il se retint, conscient de la fragilité des liens qui les liaient à présent. « Tu n'as pas à faire autant. » dit-il doucement. Un instant, il se contenta de l'observer, avant de finalement sortir de la maison, pour en revenir quelques minutes plus tard avec l'eau nécessaire pour la remplir. Ce qu'il fit, avant de forcer la jeune femme à s'asseoir à son tour près de l'âtre. « Je t'ai accueilli parce-que je le voulais bien. Tu n'as pas à faire tant. Je m'occupe du repas. » Ce qu'il faisait de toute façon depuis toujours, jusqu'à ce qu'une inconnue vienne lui faire perdre ses repères.


Dernière édition par Anndell Lucedith le 5/6/2011, 3:35 pm, édité 4 fois
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MessageSujet: Re: she walks in beauty, like the night of cloudless climes and starry skies.   she walks in beauty, like the night of cloudless climes and starry skies. Empty10/5/2011, 2:19 pm

    Elle sentait ses yeux sur son dos alors qu’elle s’affairait, et d’une certaine manière, cela n’était pas désagréable. C’était ces petits détails qui façonnaient à leur manière une sorte d’intimité qui, alimentant leur quotidien, donnait l’illusion à Ozwen d’évoluer dans un environnement stable, un doux cocon l’éloignant de la dure réalité. Non pas qu’elle oublie la raison qui l’avait poussé à quitter son père et les Marcheurs, mais il était parfois facile de croire que tout allait bien, qu’elle n’était pas une simple vagabonde, mais qu’elle possédait une vie, une vie avec des repères. Anndell était l’un de ces repères, et pourtant, il lui rappelait chaque jour ce qu’elle était. Malgré son abstinence, comme elle aimait nommer intérieurement son refus d’user de la magie, de longues années de pratique avait laissé sur sa peau de dépôt magique que le temps n’avait su effacer. Elle ignorait encore pourquoi sa vision lui avait fait rencontrer Anndell, et si cela avait un rapport avec son ancien statut de druide. Et ça l’avait énormément intriguée au départ, et c’est ce qui l’avait amené à essayer d’en apprendre plus sur le jeune homme. Mais avec le temps, elle s’était faite à ce quotidien agréable. Lorsqu’elle quittait la maison le matin, elle savait pour quoi elle rentrait le soir. Ils ne se parlaient pas beaucoup, pourtant. Ils effleuraient les choses, sans chercher à aller plus loin. Ils avaient compris, en peu de temps, à quel moment de la conversation l’autre se tairait, l’œil vague et la moue penseuse, renfermant en leur sein tous leurs mystères et leurs secrets. Il était Anndell et elle était Ozwen, ils l’avaient accepté, et si la curiosité les tiraillait parfois, ils essayaient de ne rien en montrer. Ozwen, du moins, agissait ainsi. Et elle espérait, un peu, qu’Anndell faisait de même. Qu’il soit totalement indifférent à sa personne l’attristerait, sans qu’elle puisse mettre un terme sur le trouble qui l’envahissait à cette pensée. Elle imaginait que cela était dû au fait qu’elle-même ignorait pourquoi il avait accepté de l’héberger, elle, et le lourd bagage qu’était son passé. Du moins, elle avait eu des doutes, au début.

    Le bois craqua alors qu’il se relevait, et elle le regarda s’approcher d’elle, sans bouger pour autant. « tu n’as pas à faire autant. » La phrase resta en suspens dans l’air un instant, et Ozwen n’osa rien répondre. Anndell finit par lui délester les mains de sa marmite, et il quitta la maison sans un mot, affrontant de nouveau la pluie. Un frisson l’envahit, et elle serra un peu plus son châle autour de ses épaules. Elle attisa de nouveau le feu, et se mit à préparer les légumes et la viande. La viande de chèvre n’était pas un met des plus recherchés, et pourtant Ozwen l’avait eu pour un prix dérisoire, au marché de Camelot. Enfant, son père l’avait initiée à l’art de marchander, mais avec sa haute stature et sa voix bourrue, personne n’osait réellement le contredire. Elle avait appris avec le temps qu’elle possédait d’autres armes, et qu’un sourire faisait parfois beaucoup. Et elle s’amusait à en user auprès du garçon boucher, qui avait l’air si niais et si penaud lorsqu’elle arrivait à son étal, qu’elle n’avait aucun mal à le distraire de ses comptes. Pauvre garçon boucher, qui lui offrait si gracieusement la viande qu’elle mangerait avec un autre.
    Elle finissait d’éplucher les carottes lorsqu’Anndell revint du puits. La pluie semblait s’être insinuée jusque dans ses os, et Ozwen supposa avec dégout que, s’il tombait malade, le jeune homme refuserait toute aide de la magie pour se guérir. Il pourrait tout aussi bien y laisser sa peau. Elle allait pour récupérer sa précieuse marmite lorsqu’Anndell l’obligea à s’asseoir près du feu et à attendre. « je t'ai accueilli parce-que je le voulais bien. tu n'as pas à faire tant. je m'occupe du repas. » La phrase toucha la corde sensible d’Ozwen. Parce qu’il le voulait bien. Elle tenta d’y répondre avec humour, mais la fin de sa phrase resta coincée dans sa gorge.

    « les hommes s’arrogent donc les tâches des femmes, désormais. mais à quoi vais-je servir, moi … ? »

    Elle haussa les épaules, et tandis ses mains vers le feu, cherchant dans la chaleur un quelconque réconfort. Elle n’osait s’ouvrir à lui, de peur qu’il se moque d’elle, ou que ce qu’elle redoutait depuis le début arrive enfin. Il semblait si doux, si pur. Mais le jeune charretier qui l’avait aidé à quitter son village lui avait semblé lui aussi drôle et avenant, jusqu’à la nuit où il s’était insinué dans sa couche. D’autres souvenirs remontèrent à la surface, le visage gras du pêcheur qui lui avait proposé de traverser la Tamise, et celui de l’aubergiste chez qui elle avait logé à son arrivée à Camelot, la faisant pâlir. Elle aurait pu payer le charretier. Il ne voulait pas de son argent, et peut-être l’avait-elle elle-même compris, dès le début. Mais elle ne pouvait croire Anndell capable de telles bassesses, et elle espérait qu’il saurait se montrer aussi noble qu’elle le croyait. Elle comprit alors pourquoi elle se taisait. Parce qu’elle-même n’était pas aussi pure qu’elle pouvait le laisser supposer. Tournant des yeux brillants vers le jeune homme, elle murmura dans un souffle.

    « c’est juste que … je ne veux pas que tu penses que je te suis redevable. »

    Et elle plongea de nouveau son regard dans le feu.

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Anndell Lucedith

Anndell Lucedith

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MessageSujet: Re: she walks in beauty, like the night of cloudless climes and starry skies.   she walks in beauty, like the night of cloudless climes and starry skies. Empty11/5/2011, 2:37 pm

    « Les hommes s’arrogent donc les tâches des femmes, désormais. mais à quoi vais-je servir, moi … ? » Anndell se contenta d'un sourire, concentré sur la tâche qu'il venait de s'imposer. Les mots, la jeune femme semblait en user comme bon lui semblait. Depuis son arrivée, il avait été plus d'une fois victime de ses piques et subtiles tournures, sans qu'il ne trouve jamais rien à rétorquer. Il se contentait alors d'un sourire et d'un regard entendu, conscient que dans ce domaine, il ne pourrait sans doute jamais rivaliser avec Ozwen. Cela ne l'empêchait pourtant pas d'admirer sa maîtrise, et de s'en amuser sans toutefois trop le laisser paraître. Sa verve et le tranchant de ses mots contrastaient avec la douceur de ses traits et son indéniable beauté, la rendant plus intrigante encore.
    Sentant ses pensées s'égarer, le druide pinça les lèvres, et se concentra à nouveau sur le quartier de viande posé sur l'établi. Doucement, il retrouvait les sensations auxquelles il s'était si bien habitué depuis qu'il vivait seul, et alors qu'il s'affairait, il en vint presque à oublier la présence de la jeune femme. Bientôt, la marmite fut pleine et c'est non sans peine qu'il l'amena jusqu'au feu, pour l'y suspendre. Sa besogne acquittée, il resta un moment silencieux et immobile, rejoignant sa compagne dans la contemplation du feu. C'est seulement là qu'il s'aperçut qu'il grelottait dans ses vêtements trempés, état qu'il n'avait pas arrangé en sortant une seconde fois chercher de l'eau jusqu'au puits. Passant ses mains sur ses bras, il passa bien vite derrière l'épais rideau séparant les pièces à vivre des lits pour enfiler une nouvelle chemise, et suspendre ses affaires trempées. Lorsqu'il reparu, il sentit le regard d'Ozwen se tourner vers lui et il s'immobilisa, alors qu'elle prenait à nouveau la parole. « C'est juste que... Je ne veux pas que tu penses que je te suis redevable. » Elle avait dit cela dans un murmure à peine audible, avant de se tourner à nouveau vers le feu. Il ne fit d'abord que l'observer, comme il s'était si souvent surpris à le faire depuis son arrivée. C'était sa façon à lui de la découvrir, à défaut d'être aussi doué avec les mots qu'elle pouvait l'être. Mais ses regards bien sûr, n'avaient jamais rien de déplacé. Il était réellement curieux à son égard, pas nécessairement de son passé ou de ce qu'elle pouvait bien avoir fait avant de se présenter devant lui. Pas non plus de son pouvoir, certes partie intégrante de sa personne, mais qu'il préférait mettre de côté la plupart du temps. Non, ce qui l'intéressait vraiment chez elle c'était, par exemple, cette façon qu'elle avait de toujours lui lancer quelques piques ou cette flamme passionnée qui brillait dans son regard. De ses observations, il avait appris de quelle façon elle cuisinait, touchait chaque objet, regardait chaque chose. Et ce qu'il avait découvert jusqu'ici ne lui avait jamais déplu. Après quelques minutes de silence, il s'approcha de nouveau d'elle et de l'âtre, près duquel il s'assit, en prenant garde de laisser quelque espace entre eux.

    « Avec tout ce que tu as déjà fait ici, ce serait être ingrat que de penser que tu me dois encore quoique ce soit, si ça n'a jamais été le cas. » Il tourna légèrement la tête vers elle, une expression bienveillante peinte sur le visage. « Si je vis seul depuis des années, ça n'a pas toujours été le cas. Je ne m'en rendais pas compte jusqu'ici, mais je crois que ça me manquait de voir quelqu'un s'agiter ici et là, autour de soi, d'attendre qu'il rentre, de se demander ce qu'il aura fait pour dîner ou si vous lui avez manqué... » Son regard se fit lointain, se perdit un instant dans les ombres du passé, juste assez pour lui serrer le cœur, sans toutefois lui amener la moindre tristesse. Si la frustration avait beaucoup occupé ses pensées dans sa jeunesse, il y avait aussi eu ces moments si plaisants, loin de l'ombre de son père, à regarder sa mère coudre ou cuisiner, avec la certitude qu'elle vous aimerait à jamais, quoi quoi vous puissiez faire. C'était un sentiment aussi grisant qu'effrayant, et l'étendu d'un tel amour était, ma foi, bien dur à assumer, surtout lorsqu'on savait pertinemment ne pas en être digne. Son esprit, finalement, revint se poser sur le présent, et ses yeux revirent à nouveau clairement le visage d'Ozwen, et il se dit que oui, elle était décidément très belle. « Je ne sais pas ce qui t'a amené jusqu'ici, mais quoiqu'il en soit, peut-être que c'est à moi de te remercier, pour avoir choisi de frapper à ma porte ce soir là. » Anndell lui sourit encore mais, soudain mal à l'aise, se leva pour rejoindre la petite étagère où il prit les couverts nécessaires à leur repas, qu'il plaça mécaniquement sur la petite table au centre de la pièce. Il n'avait pas pour habitude de confesser sentiments et sensations diverses, et il découvrait peu à peu que vivre avec quelqu'un tendait à encourager la confession, surtout lorsque des liens se tissaient indéniablement. Néanmoins, leur relation étant encore maladroite, il ne savait vraiment ce qu'il pouvait ou non dévoiler à la jeune femme, et il manquait certainement du tact nécessaire pour savoir ce qui les mettrait ou non dans l'embarras.


Dernière édition par Anndell Lucedith le 5/6/2011, 3:35 pm, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: she walks in beauty, like the night of cloudless climes and starry skies.   she walks in beauty, like the night of cloudless climes and starry skies. Empty1/6/2011, 2:26 pm

    Le silence s’instaura, uniquement bercé par les coups brefs du couteau sectionnant la viande et les légumes. Anndell semblait même en avoir oublié sa présence, et Ozwen ne pipait mots. Tout occupé qu’il était à sa besogne, il lui laissait l’occasion de le regarder s’activer. Elle aussi, savait observer. Et le silence dont aimait s’entourer Anndell n’était pas pesant, bien au contraire. C’était un cocon agréable dont il s’enveloppait, sur lequel les flèches tendres d’Ozwen rebondissaient sans le percer, et seul le sourire qu’il se plaquait sur les lèvres pouvaient insinuer qu’il était touché. Elle ne cherchait pas à le blesser, ou à le faire sortir de ses gonds, mais c’était son angle d’attaque. Et elle se persuadait qu’à la longue, le jeune homme finirait par réagir, et lui livrerait plus que ce qu’il voulait bien lui dire, ou lui montrer. C’était une technique qu’elle avait rodé auprès de son père, l’homme le plus secret qu’elle connaisse alors. Elle avait débuté son apprentissage très jeune, et à ses yeux, les seules raisons pour lesquelles son père était malgré tout resté nimbé de mystères, étaient son âge avancé et l’expérience qui en découlait. Anndell était jeune, et aussi peu qu’elle le connaisse, il lui semblait improbable qu’il ait plus vécu qu’Odhràn. Ses talents auraient donc du avoir plus d’impact sur le jeune homme. Mais elle ne désespérait pas. Ca viendrait.

    La marmite vint trouver sa place dans la cheminée. Le doux fumet qui en provenait caresser les sens de la jeune femme, et elle voulut oser une blague sur les capacités culinaires des hommes, mais le silence était si paisible qu’elle n’osa le briser. Et Anndell avait déjà rejoint la chambre, tirant le rideau derrière lui. Une mince fente espaçait pourtant celui-ci du mur, et Ozwen eut beau s’intimer l’ordre de ne pas regarder, se cachant sous une barrière protectrice de cheveux bruns, elle tourna la tête, et tomba sur le spectacle du corps d’Anndell. La lumière des bougies formait des ombres dansantes sur le pourtour de ses muscles, et semblait le nimber d’or. L’instant fut pourtant de courte durée, et quand le jeune homme revint dans la pièce, sa compagne avait déjà repris sa contemplation du feu. Elle éleva la voix, dans un murmure, tant les mots qu’elle dévoilait pesaient sur ses épaules. Ils se perdirent dans le silence, et Ozwen attendis, tendue, qu’Anndell lui répondent. Mais il ne répondait pas. Il vint plutôt s’asseoir à côté d’elle, et elle se décala, non pas pour mettre une certaine distance entre eux, mais simplement pour lui permettre d’avoir toute l’aise nécessaire d’étendre ses longues jambes dans le petit espace qu’ils occupaient. Le fumet les enveloppait tout deux, et elle tenta de contenir le grondement de son ventre. Si elle n’avait pas encore compris à quel point la journée avait été fatigante pour elle, son corps se rappelait à son bon souvenir.

    « avec tout ce que tu as déjà fait ici, ce serait être ingrat que de penser que tu me dois encore quoique ce soit, si ça n'a jamais été le cas. » Une douce chaleur envahit Ozwen, et elle leva la tête, pour croiser son regard. « si je vis seul depuis des années, ça n'a pas toujours été le cas. je ne m'en rendais pas compte jusqu'ici, mais je crois que ça me manquait de voir quelqu'un s'agiter ici et là, autour de soi, d'attendre qu'il rentre, de se demander ce qu'il aura fait pour dîner ou si vous lui avez manqué... » A cet instant précis, Ozwen comprit qu’il avait ouvert une porte depuis longtemps verrouillée. Et qu’il ne lui suffisait de la pousser du bout du doigt pour en apprendre plus, toujours plus. Mais elle avait senti son cœur se serrer. Anndell parlait d’amour, d’un amour qu’il avait vécu, bien des années auparavant, alors qu’elle-même n’avait connu qu’un simulacre d’amour paternel. Etait-ce de la jalousie qu’elle sentait gonfler dans son sein, mordre dans son cœur ? Mais de la jalousie à l’encontre de qui, de quoi ? « elle a eu bien de la chance, la femme qui t’a aimé … et que tu as aimé. » Elle laissa sa dernière phrase en suspens un instant, avant de reprendre : « pourquoi vous êtes vous quittés ? » Elle se mordit la lèvre, fort. Elle avait dépassé les bornes de l’indiscrétion. Et Anndell semblait si fragile, emprisonné dans la bulle de ses souvenirs. C’était le moment idéal pour en apprendre plus sur lui, sur les druides, mais tout à coup, elle n’était plus si sûre de vouloir tout savoir à son propos. Elle aimait l’image qu’elle se faisait de lui.

    « je ne sais pas ce qui t'a amené jusqu'ici, mais quoiqu'il en soit, peut-être que c'est à moi de te remercier, pour avoir choisi de frapper à ma porte ce soir là. » La confession la prit en traître. Elle ne lui avait jamais dit la vérité. Elle resta clouée un instant sur place, tandis qu’Anndell se levait mettre la table. L’air lui semblait si irrespirable désormais. Sans attendre, elle se leva à son tour, resta néanmoins près de la cheminée, l’aura des flammes l’enveloppant dans la chaleur. Elle n’avait jamais prévu de lui dire la vérité. Ils se connaissaient à peine, elle pouvait imaginer comment cela risquait de le brusquer. Et si par hasard, leur relation venait à évoluer, en une pure amitié, comment cette amitié ne pourrait-elle voler en éclat lorsqu’il apprendrait qu’elle n’était bâtie que sur des mensonges ? Elle forma une armure de ses bras en les croisant sur sa poitrine, et tenta d’esquisser un sourire. Le besoin de dire la vérité la brûlait de l’intérieur. « ce fût un heureux hasard, en effet. je ne remercierais jamais assez les dieux pour cela. » Elle s’avança près de la table et entailla dans la miche de pain qu’elle avait cuit le matin même, les deux tranches qui leur serviraient d’écuelles. Elle se retourna finalement vers Anndell, le cœur au bord des lèvres. « tu sais, ce n’était pas vraiment … non, non … oublie cela. c’est sans importance. » Et elle s’assit lourdement sur le banc, évitant le regard scrutateur du druide. Révéler la vérité serait la pire chose qui pourrait leur arriver. A tous les deux.
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Anndell Lucedith

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MessageSujet: Re: she walks in beauty, like the night of cloudless climes and starry skies.   she walks in beauty, like the night of cloudless climes and starry skies. Empty5/6/2011, 3:32 pm

    « Elle a eu bien de la chance, la femme qui t’a aimé … et que tu as aimé. » A peine conscient de la méprise que ses mots avaient pu amener dans l'esprit de la jeune femme, le druide sourit, toujours en proie à ses souvenirs. Il était si bon, parfois, de s'y perdre et d'espérer revenir là où, un jour, tout s'était brusquement arrêté. On ne pouvait parler de tragédie, et c'était là la conséquence de choix qu'il ne regrettait pas, mais ne pouvait-il pas se permettre un brin de mélancolie malgré tout ? « Pourquoi vous êtes vous quittés ? » C'est là, seulement, qu'il prit conscience des conclusions qu'avait faîtes Ozwen, suite à ses paroles. Il leva les yeux vers elle, peut-être curieux de lire sur son visage ou dans ses yeux, les sentiments qu'elle pouvait bien nourrir en cet instant, alors qu'elle semblait persuadée qu'Anndell parlait d'une femme qu'il avait aimé d'un amour autre que maternel. La voyant gênée, il sourit, détournant le regard. « Parce-qu'un fils doit bien quitter un jour celle qui l'a mis au monde, malgré tout l'amour qu'ils peuvent se porter. »
    Puis il se leva, trouva les deux cuillères nécessaires à leur repas, sans parvenir à apaiser son esprit qui s'emballait à chacune de leurs conversations. Qu'elles portent sur la magie ou sur quelques bribes de leur vie respective, il devait surveiller sa langue pour ne jamais trop en dire. Ozwen savait écouter, et le faisait volontiers, ses yeux brillant d'un réel intérêt, qu'il partageait lorsqu'elle commençait elle-même à se dévoiler, ou lorsqu'elle exprimait ses opinions. Peut-être n'était-ce que parce-qu'il n'avait connu que peu de femmes qu'il la trouvait si fascinante, mais il ne pouvait se résoudre à accepter une raison si triviale. S'apercevant qu'il n'avait pas bougé de l'établi depuis de longues minutes déjà, il vint poser les cuillères sur la table, près de laquelle son hôte vint finalement le rejoindre. « Ce fût un heureux hasard, en effet. Je ne remercierais jamais assez les dieux pour cela. » Il la suivit des yeux, alors qu'elle s'affairait, coupant deux tranches du pain qu'elle avait elle-même pris l'initiative de faire le matin. Ils s'étaient tous deux adaptés au mode de vie de l'autre, et s'y étaient d'ailleurs si bien pris qu'Anndell en avait déjà presque oublié ce qu'était de vivre sans elle. Soudain conscient de tout ce que pouvait porter une telle pensée, il écarquilla légèrement les yeux. La jeune femme, il ne devait l'oublier, n'était que son hôte et ce, provisoirement. Après tout, elle était sans doute venue à Camelot pour une raison, et celle-ci ne pouvait décemment pas être... lui. Soudain mis mal à l'aise par ses propres pensées, il retira brusquement sa main de la cuillère qu'il venait de poser, qui rencontra, dans sa précipitation, la chaise derrière lui. Le druide retint un gémissement de douleur, alors même qu'Ozwen se tournait vers lui. « Tu sais, ce n’était pas vraiment … non, non … oublie cela. C’est sans importance. » Sa main blessée dans celle intacte, il oublia la douleur lorsqu'il prit conscience du trouble de la jeune femme, qui s'était assise tout en prenant soin d'éviter son regard, l'air tant inquiète qu'accablée. « C'est sans importance. » avait-elle dit. Dans ce cas, mieux valait ne pas lui poser davantage de questions, n'est-ce pas ? Cependant, elle était allée jusqu'à commencer à lui parler, preuve que son secret pesait visiblement sur sa conscience. Ne sachant que faire, il opta finalement pour la fuite, et prit le temps de décrocher la marmite de la cheminée, où le feu brûlait toujours joyeusement. Il se perdit un instant dans sa contemplation, comme s'il pouvait lui apporter une quelconque réponse à ses questions. Quant à la jeune femme, elle restait immobile et silencieuse, et l'atmosphère lui paraissait soudain si dense qu'il en éprouvait presque des difficultés à reprendre son souffle.
    Pinçant les lèvres, Anndell s'éloigna soudain de la cheminée, et vint poser la marmite au centre de la table. La vérité était de ces choses qui faisaient souvent mal, et tourmentaient l'esprit tant qu'elles n'avaient pas été avouées. Il ne savait ce qu'elle leur apporterait ici, mais il ne tenait certainement pas à voir la jeune femme se torturer ainsi. Si partager sa peine la soulageait, il ne rechignait pas à souffrir lui aussi. Doucement, il prit ses mains dans les siennes, la forçant ainsi à se tourner vers lui. Baissant légèrement la tête, cherchant son regard, il prit finalement la parole. « Si. C'est important. » Il lui sourit, avant tant de chaleur que de douceur. « De quoi as-tu peur ? »
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Ozwen Melbeth
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MessageSujet: Re: she walks in beauty, like the night of cloudless climes and starry skies.   she walks in beauty, like the night of cloudless climes and starry skies. Empty28/6/2011, 10:47 pm

    Elle savourait ses mots comme une cuillère de miel au milieu de l’hiver, mais en son fort intérieur, elle ne pouvait s’empêcher de se demander où tout cela la mènerait. Leurs conversations prenaient tant de temps à démarrer, tant leur gêne mutuelle entravée leurs paroles. De tout cela, Ozwen en était consciente. Car à vivre si longtemps entourée des mêmes personnes, elle en était venue à reconnaître que sa façon d’agir avec Anndell était bien loin de celle qu’elle adoptait en présence de son père ou de ses amis d’enfance. Comme si une partie plus animale, la partie féminine de son caractère, une partie de son être qu’elle avait refoulé au plus profond d’elle depuis sa tendre enfance, faute de modèle maternel à copier, comme si cette partie là prenait possession d’elle en présence du druide. Et cela, au contraire, elle n’arrivait pas à l’accepter. Car il ne lui fallait pas oublier ce qu’il était vraiment. Et sans son père pour la ramener sur le droit chemin, il était si facile, si tentant même, de s’égarer. Mais elle devait bien se l’avouer, le pincement dans son cœur ne mentait pas. Elle s’attachait au druide, beaucoup plus qu’elle ne l’escomptait au début. Et le sourire qu’arbora soudain Anndell n’arrangea rien, lui faisant même monter le rouge aux joues. « parce qu'un fils doit bien quitter un jour celle qui l'a mis au monde, malgré tout l'amour qu'ils peuvent se porter. » Elle releva la tête, abasourdie. D’avoir été élevée sans mère, Ozwen oubliait parfois que le reste de l’humanité en possédait une. C’est la honte désormais qui colorait ses joues. Avait-il eu conscience de son trouble, de ce moment d’absence où elle s’était laissé aller à vouloir ressasser le passé ? Elle aurait dû suivre son envie première, et profiter de la faiblesse de lequel le plongeait le souvenir pour en apprendre plus sur son ordre. Car c’était elle qui souffrait désormais. Le vide de l’absence d’une mère, un vide qu’elle tentait de combler comme elle le pouvait, qui la dévorait de l’intérieur, ce vide que son père n’avait jamais pu combler, avec ses réponses vides comme le vent. L’évocation de la mère d’Anndell lui rappelait pourquoi elle était là, pourquoi elle avait fui le confort de son foyer, l’amour distant de son père, l’amour vide, et imperceptiblement, sa physionomie changea, elle se redressa, tendue, et une nouvelle flamme illumina son œil terni par les confidences. Voilà ce qu’elle redoutait le plus, se rendit-elle compte, soudain. Face à Anndell, elle abaissait ses défenses, et se retrouvait face à lui, limpide, claire comme de l’eau de roche. Elle finirait par faire un faux pas, par trop se dévoiler, et Anndell découvrirait qui elle était vraiment, ses parts d’ombres, ses secrets, ses hontes, tout ce qui faisait d’elle un être abominable. Elle marchait sur une corde raide, et le moindre écart lui serait fatal. Comme celui qu’elle venait de faire, insouciante, en lâchant quelques secondes plus tôt un « tu sais, ce n’était pas vraiment … non, non … oublie cela. c’est sans importance. » sans équivoque. Elle ne pouvait se permettre ce genre d’erreur.
    Posant sur la table les deux tranchoirs qu’elle tenait encore dans les mains, elle s’assit dos au feu pour ne plus voir Anndell. Et surtout, pour qu’il ne puisse plus la voir, elle. Ses yeux la trahiraient, elle le savait. Mais peut-être qu’il ne relèverait pas. Après tout, malgré tout ce temps, leurs conversations étaient des plus succinctes, et peut-être ne prendrait-il pas la peine de continuer sur cette voie. Il devait le sentir, comme elle le sentait désormais, tous les ennuis qu’amènerait ce genre de confession. Et son silence la conforta dans cette idée. Il ne dirait rien, et finirait par oublier. Elle pourrait l’y aider. Lorsqu’elle l’avait rencontré la première fois, elle avait été tentée de profiter de son sommeil pour sonder ses rêves et ses souvenirs, tant elle était obnubilée par son désir de réponse. La peur d’être découverte, puis l’affection grandissante qu’elle lui portait l’avaient empêché de s’adonner à ce genre de magie. Peut-être aurait-elle dû. Elle s’amollissait en sa présence. Ses instincts primaires, ses instincts de Marcheuse, elle les avait depuis trop longtemps enfouis au fond d’elle. Il fallait qu’elle se ressaisisse. Elle se perdit un instant dans la contemplation du ragoût qu’Anndell venait de poser sur la table. Soudain, elle regrettait l’absence de son père, celle d’Ivanoë, celle de n’importe qui, qui aurait pu lui venir en aide, grâce à ses conseils avisés. Mais elle devait se débrouiller seule. Comme une grande. Alors elle pria. Le silence s’éternisa. Et elle crût sa prière exaucée.

    « « si. c'est important. » Il tenait ses mains dans les siennes. Elle baissa un instant les yeux sur leur union. Jamais il ne s’était permis une telle proximité. Et devoir briser cette étreinte la brisait également. Mais le contact de sa peau contre la sienne la mettait mal à l’aise. Elle ne sentait pas digne de lui. « j’ai dit … c’est sans importance. » Leurs mains se séparèrent, vivement. Sa voix s’était faite plus dure, comme pour l’éloigner encore d’elle. « de quoi as-tu peur ? » Elle releva les yeux, outrée, avant de les baisser de nouveau, vaincue. Elle ne pouvait pas. Elle ne pouvait pas être cette femme forte, celle qu’elle aurait tant aimé être. Elle chérissait bien trop ses faiblesses. « j’ai peur de tout. trop de peurs pour une seule vie. mais par-dessus tout j’ai peur de moi. comment pourrais-tu ne serait-ce que comprendre cela ? »

    Elle s’était renfermée dans son mutisme, celui des premiers jours, celui qu’elle arborait pour qu’il ne pose pas de questions. Elle en aurait pleuré. Deux pas en avant, trois pas en arrière. Ce qu’elle pouvait détester cette valse ...

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Anndell Lucedith

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MessageSujet: Re: she walks in beauty, like the night of cloudless climes and starry skies.   she walks in beauty, like the night of cloudless climes and starry skies. Empty16/10/2011, 8:07 pm

    Ses mains se libérèrent de l'étreinte des siennes, et il n'osa les retenir. Gêné, il regretta un instant son geste, mais se dit qu'il était peut-être temps qu'entre eux, les barrières s'abaissent. S'il ne lui demandait pas de lui révéler ses plus grands secrets, comme il ne lui parlerait sans doute jamais des siens, ils ne pouvaient décemment pas continuer à se comporter comme des inconnus, alors qu'ils partageaient le même foyer depuis de longues semaines déjà. Aussi soutint-il le regard outré qu'elle lui lança, alors qu'il insistait, cherchant à percer le mystère de ses silences. Il fronça légèrement les sourcils, cependant, lorsqu'elle baissa les yeux, préférant la voir fière et forte comme elle le faisait toujours. Mais les épaules d'Ozwen s'affaissèrent, et il lui fallu toute la volonté du monde pour ne pas y poser une main apaisante, qu'elle aurait sans doute pris pour un geste de pitié. Il attendit, donc, sans ajouter le moindre mot, conscient que, peut-être, tout ce qu'ils pourraient échanger à partir de maintenant, gestes ou paroles, dévoilerait un peu plus la couleur de leur âme aux yeux de l'autre. « J’ai peur de tout. Trop de peurs pour une seule vie. Mais par-dessus tout j’ai peur de moi. Comment pourrais-tu ne serait-ce que comprendre cela ? » Et son cœur se serra tant qu'il porta une main à sa poitrine, alors qu'elle exprimait à haute voix les sentiments qui le hantait depuis l'incident du clocher. La mâchoire crispée, il ne su s'il trouverait jamais la force de lui répondre quoique ce soit, s'il ne ferait pas mieux de la laisser là, murée dans son silence et de sortir prendre l'air, oublier ce qu'il était, et ce qu'il tenait enchaîné quelque part, dans le fond de son esprit. Mais une petite voix lui chuchotait que c'était sans doute le moment idéal pour se libérer d'une partie de sa peine, et soulager en même temps celle de la jeune femme, dont les yeux était toujours rivés sur ses genoux.
    Ses lèvres s'entrouvrirent, mais aucun son n'en sortit. La main sur son cœur retomba lentement, et il ne savait quoi faire, partir ou rester, partager sa peine ou feindre d'en ignorer le sens. Il n'avait jamais su consoler, jamais su trouver les bons mots – bien trop tourné sur lui-même et la tragédie de sa vie, bien trop lâche, aussi, pour assumer des pleurs qui n'étaient pas les siens. Mais tout semblait si différent avec elle... Depuis qu'il lui avait ouvert sa porte, c'était comme si tout se bousculait dans sa tête, réclamant à corps et à cris d'être libéré, sentiments, regrets et secrets. La peur pourtant, fidèle compagne, ne le quittait pas pour autant, et il craignait qu'en lui disant tout, elle ne finisse par le regarder autrement – tel un fou, ou pire encore, un danger.

    « Je... » commença-t-il avant de se mordre les lèvres. Comment le lui dire sans paraître hautain ? Sans paraître mépriser ses sentiments ? Comment lui dire qu'il la comprenait tellement qu'il en venait à se demander si c'était vraiment le hasard qui l'avait conduit jusqu'à chez lui. « Je... je crois que je te comprends. » Et il s'était empressé de baisser la tête, ne tenant pas à croiser son regard. Pas maintenant, pas encore, alors qu'il se sentait pitoyable et si peu sûr de lui-même. Avait-elle levé les yeux ? Fait le moindre geste ? Il l'ignorait, n'osait la regarder, ni même penser qu'elle pouvait en cet instant le juger, avant même qu'il ne se soit expliqué. « Il est arrivée une chose, autrefois, une chose qui ne peut faire de moi qu'un monstre. J'ai peur de moi-même, et peur que cette chose ne revienne me faire du mal, ou pire, à ceux que j'aime. J'ai peur des autres, de ce qu'ils pourraient penser, des pierres qu'ils pourraient me jeter... s'ils savaient. J'ai peur Ozwen, j'ai peur tout le temps, jusque dans mon sommeil. » Au fil de ses paroles, il avait peu à peu levé les yeux, jusqu'à les porter de nouveau sur la jeune femme. Il ne savait ce qu'il attendait après avoir osé lui parler ainsi – ce qu'elle penserait de lui. Le mépriserait-elle ? Lui en voudrait-elle pour avoir pensé pouvoir la comprendre ? Il savait pourtant, que leurs sentiments étaient les mêmes. Elle l'avait dit elle-même, et il s'était retrouvé dans ses paroles. Comment ne pourrait-elle pas voir à son tour comme ils étaient semblables ? Finalement, il osa poser une main sur son épaule – peut-être serait-il rejeté, mais si ce n'était pas le cas, alors il ne pourrait rien regretter. « Tu n'es plus seule, Ozwen. Et même si je ne pensais pas te comprendre, même sans cela, tu ne le serais pas. J'espère que tu le crois. » Car il le pensait vraiment, en était sûr comme il ne l'avait plus été de rien depuis bien longtemps. Et il doutait aujourd'hui, de pouvoir jamais la laisser s'en aller.
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